Le décret n° 2016-382 du 30 mars 2016 fixant les modalités des états des lieux et de la prise en compte de la vétusté, définit à l'article 4 la vétusté comme : « l'état d'usure ou de détérioration résultant du temps ou de l'usage normal des matériaux et éléments d'équipement dont est constitué le logement ».
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032320564/
On parle de vétusté pour faire référence à l'état d'usure d'un bien ou d'un équipement du fait de son utilisation normale dans le temps.
Comment prouver la vétusté ? La vétusté se prouve par la comparaison de l'état des lieux de sortie avec l'état des lieux d'entrée, mais tient aussi compte de la date à laquelle l'élément d'équipement a été mis en service.
Grille de vétusté: article 4 du décret: "Les parties au contrat de location peuvent convenir de l'application d'une grille de vétusté dès la signature du bail."
Si aucune grille n'a été contractuellement mentionnée dans le bail lors de sa signature, le bailleur ne peut rien vous imposer. La grille de vétusté est donc un outil facultatif mais qui permettrait, si elle était contractuellement mentionnée dans le bail, d'évaluer objectivement l'usure et clarifier les responsabilités de remise en état. Il n’existe en outre aucune grille de vétusté officielle quand bien même le bailleur prétendrait le contraire.
L'usure locative, souvent appelée état d'usage ou usure normale, se réfère à la dégradation naturelle et inévitable d'un logement et de ses équipements résultant de leur usage normal par le locataire. L’usure normale d’un logement est donc différente d’une dégradation du locataire. Plus encore, le bailleur ne peut rien retenir sur le dépôt de garantie au titre de la vétusté. Cela signifie aussi que le montant des réparations nécessaires pour remédier à cette vétusté ou usure reste à la charge du bailleur car il est obligé de remplacer les équipements détériorés avant l’arrivée d’un nouveau locataire qui doit pouvoir jouir paisiblement des lieux loués dès son arrivée et pendant toute la durée du bail.
Exemples de ce qui est généralement considéré comme une usure normale :
- Peinture : Le jaunissement ou la légère décoloration de la peinture sur les murs au fil du temps, ainsi que les petites éraflures ou marques d'usure.
- Revêtements de sol : L'usure naturelle des tapis, des planchers en bois ou du linoléum, comme les rayures légères ou l'usure dans les zones de passage fréquent.
- Sanitaires : L'émail des sanitaires (lavabo, baignoire) peut présenter des signes d'usure comme de rayures ou une décoloration.
Délais d'usure des équipements: ils courent à compter de la mise en service des équipements et non à partir de la date d’entrée du locataire dans le logement.
Sur la forme que doit prendre l'état des lieux de sortie:
Il n'est pas possible de faire l’état des lieux de sortie de n'importe quelle manière. La présence du locataire ainsi que du propriétaire ou de son mandataire est indispensable. L'article 3 du décret précise que:
"2° - La forme du document permet la comparaison de l'état du logement constaté à l'entrée et à la sortie des lieux. A cet effet, les états des lieux peuvent être réalisés sous la forme d'un document unique ou de documents distincts ayant une présentation similaire ;" avec pour chaque pièce du logement une colonne "à l'entrée du locataire" et une colonne "à la sortie du locataire.
Au moment de sa signature, l'état des lieux est remis au locataire et au propriétaire (ou à son représentant), en main propre au format papier ou par voie dématérialisée immédiate par mail pour éviter que le fichier soit modifié après signature.
L'état des lieux de sortie permet de distinguer deux types de détériorations : les dégradations dont le locataire est tenu responsable et l’usure normale de certains équipements assumée par le propriétaire . En fonction de la nature du dommage constaté et dûment justifié, les réparations éventuelles seront à la charge soit du locataire soit du propriétaire.
Sujets possibles de discorde: joints silicones sales, tâches sur la moquette, ou le revêtement de sol, trous dans les murs…
Est-ce obligatoire de reboucher les trous dans les murs ? La loi concernant ce sujet est imprécise: le locataire est tenu de reboucher les trous s’ils sont nombreux, d’une taille importante, et/ou selon leur emplacement (au milieu d’un mur par exemple). Par contre, si les trous sont petits et peu nombreux, le rebouchage n’est pas considéré comme une réparation locative.
Conseil: lors du pré-état des lieux qui est proposé par Gecina dès réception de la réception du congès, écoutez ce qui est dit et rebouchez proprement les trous avant l’état des lieux de sortie. Surtout vérifiez bien la description des trous sur l’état des lieux de sortie (nombre, taille, incidence) avant de le signer. Armez vous d'un centimètre pour constater le diamètre réel et faites le noter sur l'état des lieux. En gros soyez pénible.
Est-ce que le locataire doit refaire les peintures ? Le jaunissement de la peinture est fréquemment reproché au locataire, pourtant, il s’agit souvent d’une usure naturelle et donc de vétusté. Toutefois, le mauvais état dû à des tâches peut être considéré comme une dégradation et le propriétaire bailleur pourrait, sous certaines conditions, retenir une partie du dépôt de garantie. Mais compte tenu de l'ancienneté de votre occupation, si elle se chiffre à 10 ans ou plus, il est assez peu probable que Gecina se risque à cela.
Le locataire peut donc repeindre les murs ou même changer le sol. Toutefois, les couleurs et matériaux choisis ne doivent pas empêcher l’habitabilité normale des lieux… EXIT les couleurs criardes ou motifs extravagants !
Conseil: vérifiez bien les termes notés sur l'état des lieux de sortie : « peinture usagée » correspond à un usage normal du bien, alors que « peinture tachée », « traces au mur » ou « déchirure » indiquent une négligence et seront automatiquement de la responsabilité du locataire. En gros soyez pointilleux.
En cas de litige ou de désaccord (vous refusez par exemple de signer le document) vous pouvez exiger que l'état des lieux soit effectué par un commissaire de justice (huissier) établi en application de l'article 3-2 de la loi du 06/07/1989. L'un ou l'autre peut s'occuper de le contacter. Dans ce cas, il s'agit d'un état des lieux litigieux, dit constat locatif. Le commissaire de justice prévient le locataire et le propriétaire (ou son représentant) par lettre recommandée avec accusé de réception, et au moins 7 jours à l'avance, du jour où il va réaliser le constat locatif.
Le prix est défini par la loi, ce professionnel n'est pas libre de son tarif, même si le bailleur tentera de vous dissuader de l'idée en prétendant une énorme dépense, ceci pour éviter d'en payer la moitié.
La tarification TTC des actes d'huissiers est réglementée par le décret du 28 février 2020 et l'arrêté du même jour.
En 2024, ils sont les suivants
Jusqu'à 50 m² :
- Frais d'acte : 132,82 €
- + Lettres de convocation : 18,06 €
- + Frais de déplacement : 11,28 €
Plus de 50 m² et jusqu'à 150 m²:
- Frais d'acte : 154,74 €
- + Lettres de convocation : 18,06 €
- + Frais de déplacement : 11,28 €
A diviser par deux, la moitié pour le locataire et autant pour le bailleur.